Benoit Jacquot : " Fabriquer un espace où le chant chauffe à blanc toutes les passions "
VIDEO | 2010, 4' | Le cinéaste a trouvé dans Tosca, l'opéra de Puccini, tous les sentiments qui, de l'amour à la h1
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L'opéra de Puccini sous l'oeil d'un cinéaste virtuose de l'adaptation. Les voix sont magnifiques et les chanteurs se révèlent excellents acteurs.
L'opéra de Puccini sous l'oeil d'un cinéaste virtuose de l'adaptation. Trois "Tosca" cohabitent ainsi : l'opéra (en couleurs, en costumes, surgissant sur scène quasiment vide, enveloppée de nuit), l'enregistrement de la partition (en noir et blanc, en studio, à Londres) et la "Tosca" à travers les lieux de son histoire (le Palais Farnèse etc), images comme volées à une réalité que l'art a transfiguré.
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"En être ou pas ? La question qu’a dû se poser Benoît Jacquot avant de filmer Tosca, œuvre de la passion
"En être ou pas ? La question qu’a dû se poser Benoît Jacquot avant de filmer Tosca, œuvre de la passion brûlante, excessive et déchaînée. Participer à ces débordements, choisir de les accompagner ou en contrarier le cours ? Jouer le jeu ou se tenir en retrait ? Servir l’émotion ou la sabrer ? Pourquoi pas les deux, les trois même, voire les quatre.
En choisissant de filmer l’opéra en train de se faire, tel qu’il apparaîtra à l’écran, images et sons associés, Jacquot enregistre la passion et l’émotion au travail. La voix d’un enfant n’est pas moins pure quand elle sort d’une bouche plantée d’un appareil dentaire. Et si Angela Gheorghiu sourit au dernier plan, Tosca n’en a pas moins basculé dans le vide. Un vide de cinéma, que pendant près de deux heures le film remplit jusqu’à la gueule, au risque, quand la lumière revient dans la salle, de laisser le spectateur sans voix.
Le chant comme expression de la violence ultime, comme un précipité de sauvagerie. Conception qui ouvre sur un travail de nature presque expérimentale, au service de la forme donnée communément comme la plus culturelle (donc repérée, balisée, étiquetée). Une œuvre de cinéaste, qui a l’élégance de vouloir donner à croire - et qui y réussit - qu’il cherche son film à mesure qu’il se fabrique, presque sans lui, en tout cas sans qu’il soit pour grand-chose au hasard apparent de promenades vidéo dans Rome (pas toujours convaincantes), de plans volés dans un studio d’enregistrement et d'une mise en scène délibérément située au milieu de nulle part, dans ce grand trou noir qui s’ouvre devant chaque instant d’un film sans cesse en proie au vertige."
" Technicien dans sa mise en scène, Jacquot a préféré le cinématographique au scénique, filma
" Benoît Jacquot compose habilement avec les contraintes du genre (...) C'est l'intensité furieuse, l'outrance
" Produit par Daniel Toscan du Plantier, le film est une nouvelle contribution à ce que peut signifier, au sens fort de produir
" Produit par Daniel Toscan du Plantier, le film est une nouvelle contribution à ce que peut signifier, au sens fort de produire du sens, la transposition de l’opéra à l’écran. Losey avait traité de Don Giovanni en marxiste, Rosi de Carmen en amateur éclairé et Syberberg de Parsifal en Allemand torturé par le nazisme. Benoît Jacquot, lui, réagit en amoureux de la mise en scène. Comme s’il se défiait de cette forme d’opéra et des codes de représentation qui lui sont intrinsèquement liés, il a fait le choix d’une double distance.
La première consiste à quitter régulièrement les décors et ses couleurs pour montrer musiciens et chanteurs en noir et blanc dans le studio d’enregistrement. La deuxième nous fait basculer des lieux historiques de l’action (l’église du premier acte, le palais du deuxième, et le château fort du troisième), filmés sur place à Rome en vidéo à fort grain, dans leur grossissement en studio avec une image somptueuse.
Volonté de lier l’artifice à la vie et le travail à son effacement dans la représentation ? Sans doute. Ni iconoclaste ni académique, sa proposition de lecture intéresse en soi davantage qu’elle ne sert l’oeuvre. Se mettre humblement au service du texte, ce qu’a toujours fait un Rohmer, ou le tirer à soi, là a toujours été la question."
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